20.10.23

Vide-grenier (IV) : l'art de prendre l'avion avec Sempé

Le style de son dessin est encore balbutiant, pas tout à fait reconnaissable. Mais l'initiale à droite ne laisse planer aucun doute sur l'identité de son auteur ! 

Embarquement immédiat. Au début des années cinquante, le jeune Sempé exerça toutes sortes de petits métiers. Il fut successivement livreur à bicyclette, représentant en dentifrice, courtier en vin avant de pouvoir passer à des choses plus sérieuses : le dessin humoristique. La rencontre décisive aura lieu en 1954 avec René Goscinny avec qui il crée le personnage du Petit Nicolas qui lui ouvrira les portes d'une longue carrière. Parcours somme toute assez classique d'un artiste en germe qui a du à ses débuts manger de la vache enragée. 

La surprise est ailleurs. Elle vient encore d'une pochette trouvée dans une valise de vieux papiers dans laquelle j'ai plongé la main avec toujours la même excitation, moi qui affectionne les chasses aux trésors dans les vide-greniers qui fleurissent sur les trottoirs de nos villes ou villages, presque tous les dimanches matin. Elle est illustrée par Sempé himself ! Dans les fifties, Air France bichonnait ses passagers, en leur offrant de belles notices avec toutes les conditions de vol, le descriptif de la flotte d'avions en service et le détails des destinations couvertes par la compagnie, l'ensemble glissé dans une jolie pochette estampillée de motifs du monde entier. J'ignore par quel biais notre compagnie nationale fit appel à ce jeune illustrateur pour égayer l'information destinée à ses voyageurs. Toujours est-il qu'il s'acquitta du job avec toute la virtuosité qu'on lui reconnaîtra plus tard, probablement sans états d'âme. À l'époque, vendre son talent pour la promotion du transport aérien n'était pas considéré comme une faute de goût, ni un compromission irrémédiable. Elle lui permit assurément de mettre un peu de beurre dans ses épinards.

Dans les airs les problèmes sont rares, quoique... Morceaux choisis
Bonus : Le New York de Sempé ou les 110 couvertures qu'il dessina pour The NewYorker (documentaire Arte 2023 - 46 min.)
Pour une vision plus contemporaine du transport aérien, Vols domestiques (dwelling) par Hiraki Sawa 2002
                                      



15.9.23

Vide-grenier (III) : et si c'était mieux avant ?

Planète Terre : 460 millions de tonnes de plastique sont produites tous les ans 
dont 353 finissent en déchets non recyclés !

Emballages. À l'heure du réchauffement climatique et du développement durable, la question mérite d'être posée. En particulier pour les matières plastiques dont la production mondiale ne cesse d'augmenter. Si rien n'est mis en place pour leur trouver des substituts, les quantités produites pourraient tripler d'ici 2030. Certains experts parmi les plus cassandre nous prédisent même une funeste apocalypse : l'humanité noyée dans une boue de microparticules de plastique !

Côté papier, la situation n'est guère meilleure. Saluons toutefois la décision de certains acteurs de la grande distribution qui ont décidé d'abandonner l'usage du prospectus et du catalogue. Ikéa a été parmi les précurseurs. Dès décembre 2020, ils ont arrêté l'édition de leur catalogue annuel. Ouvrage le plus lu après la Bible et le Petit livre rouge il était jusqu'alors traduit en 32 langues et diffusé dans 50 pays ! Les centre Leclerc viennent à la tour d'annoncer la fin de l'imprimé pour tous leurs supports promotionnels, ils en espèrent une économie annuelle de près de 50 000 tonnes ! Mais ne soyons pas dupes derrière cet affichage vertueux, il y a des arrières-plans moins glorieux qui relèvent de la simple bonne gestion capitalistique : le prix du papier ne cesse d'augmenter et a triplé sur les huit derniers mois. 

Pour ma part, j'ai trouvé dans la fréquentation des vide-greniers, une bien singulière manière de remplacer la lecture de ces catalogues qui ne viendront plus encombrer nos boîtes aux lettres. Oui ces rassemblements à ciel ouvert ont la délicieuse vertu de nous proposer de gigantesques déballages d'objets ou de marchandises dans un ordre plus qu'aléatoire et dans un temps qui n'a pas d'origine ni de fin. La déambulation est libre et répond à des critères qui appartiennent à chacun, sortis de tout conditionnement marketing. Ouf, on se sera pas roulé dans la farine !

Tenez à ce propos, voici ma dernière trouvaille : une petite merveille d'emballage pour cette farine produite en Charente, sous la marque André Lamy. Elle ne doit plus exister, et certainement pas sous ce conditionnement si ingénieux : une cotonnnade blanche imprimée avec l'instruction suivante : "Faites avec ce sachet un joli mouchoir, l'impression disparait au lavage". Tout est dit. Je ne vais pas sortir mon mouchoir, ni verser des larmes de crocodile. 


Bonus : retour sur le catalogue "La déroute" produit en 2006 par l'artiste Nicolas Simarik et 600 habitants du quartier sensible d'Empalot à Toulouse, pastiche sur 1236 pages du célèbre catalogue de vente par correspondance La Redoute (tiré à deux cent exemplaires, il y a peu de chance que vous ne le trouviez sur un vide-grenier, too bad !).
Et pour les graphistes d'un autre âge, ceux qui ont pratiqué les lettres transfert Letraset, qu'ils en conservent les catalogues. Ils sont très recherché sur le marché de l'occasion.

8.9.23

Vide-grenier (II) : les podcasts n'ont rien inventé !

Pèle-mêle de numéros du mensuel Sonorama qui publia de 1958 à 1962 un magazine d'actualités, accompagné de flexi-disque 33t à chaque double-page

Flexi-disque. Si le disque vinyle est redevenu un objet désirable, choyé, apprécié, son avatar souple le Flexi-disque n'a pas encore connu une pareille réhabilitation. Normal, presque aussi fin qu'une feuille de papier, il produit un son de qualité bien moyenne qui l'a condamné à l'oubli.

Pas nous ! Tout gosses, nous l'adorions. Il nous offrait la possibilité de s'enregistrer puis de se réécouter à l'envie. Oui il y avait ces petites cabines à sous comme celles des photomatons qui vous permettaient de fixer pour l'éternité 65 secondes pendant lesquelles vous étiez le maître absolu du bruit, capté par le gros micro qui trônait à l'intérieur. Au bout de quelques minutes en ressortait un disque souple, qui pouvait contenir pas loin de 200 mots s'il s'agissait d'un message parlé, soit l'équivalent de 1200 signes, bien mieux que Tweeter, même dans sa version XL. Nous y faisions avec mon frère Antoine des petites "story" gore avec moults bruitages et grognements improvisés en cabine. Elles ont vite disparu avec l'arrivée du magnétophone K7 inventé par Philips au milieu de années soixante. Je ne me rappelle plus leur nom. Voice-O-Graph me renseigne wikipédia qui m'apprend que je n'en suis pas le seul inconditionnel : Neil Young y aurait enregistré l'intégralité de son album de reprises A letter home en 2014, avec la complicité de Jack White des White Stripes qui en possède une à demeure. 

Allais-je en rester là ? Je ne me suis même pas posé la question. Au détour d'un nouveau vide-grenier dominical, je me suis fait rattraper par une petite mallette. Y étaient rassemblés des petits cahiers illustrés à spirale de la taille d'un 45 tours arborant crânement la marque Sonorama en couverture. 

Quelques extraits du n°16 paru en février 1958

Logique pour un concept aussi inédit et original ! Dans ce petit magazine d'actualités généralistes vous trouviez 6 flexi-disques intercalés à l'intérieur. À écouter en 33 tours. Avec l'enchantement de retrouver côte à côte les voix du général de Gaule, d'Albert Camus, de Brigitte Bardot, de Martine Carol ou de Jean-Claude Brialy. Vendu 5 nouveaux francs à l'époque, (soit l'équivalent de 9 euros) ce prix ne lui permit pas de trouver un public suffisant. Soutenu à bout de bras par Europe 1 et Sonopresse, petit label de chansons françaises, il s'arrêta en 1962, après quatre années de parution mensuelle. Jusqu'à ce dimanche je n'en connaissais pas l'existence. Derrière cette relique d'un autre temps, je veux retenir l'intuition géniale d'utiliser la technologie la plus avancée disponible pour diffuser du contenu audio, avec l'incroyable confort d'une mise à disposition à la carte et à tout moment, comme le permettent aujourd'hui les podcasts.

Bonus : Neil Young introduit son album A letter home enregistré sous Voice-O-Graph.


1.9.23

Vide-grenier : pochette surprise

Nuit de folie, un tube des années 80 qui n'en finit pas de sévir. Ce parangon de la ringardise aurait du me tomber des mains, même pour 50 centimes. Pas si sûr…

Les 45 tours. Ils ont bercé plusieurs générations. La mienne, la vôtre peut-être ? Aujourd'hui totalement obsolètes, voire inconnus des plus jeunes, ils ont disparu de nos intérieurs pour faire place à des applications somme toute bien plus accommodantes et riches de contenus quasi illimités. Toutefois la palpation de ces objets d'antan n'est pas sans attrait. Leurs pochettes portent souvent les marques d'un événement, d'un prénom ou d'une dédicace et leurs titres indissociablement attachés à des moments de nos existences qu'il est plaisant de réactiver à leur écoute.

Je ne les affectionne pas plus que ça mais ne boude pas mon plaisir à plonger ma main à l'aveugle dans des piles de 45 tours que l'on voit fleurir sur les étals improvisés des vides-greniers qui occupent les dimanches de nos villes et campagnes. Vieux, moches, sales et méchants, la plupart du temps. Toutefois personne n'est à l'abri de son jour de chance. Pour le dernier vide grenier-brocante qui s'est tenu dans les rues de mon village, quelle ne fut pas ma surprise d'y trouver perdu dans un fatras d'objets hétéroclites un 45 tours dont la pochette a immédiatement capté mon attention ! Non pas pour son titre mais pour son look post punk, indissociable des années 80. Peut-être du Ever Meulen ou du Joost Swarte ? Pas exactement, mais un tenant d'une ligne claire, assurément électrique. Oui, au verso je découvre que l'illustration est créditée à Patrick Regout, un bruxellois avec qui j'ai eu par la suite l'opportunité toujours joyeuse de collaborer pendant de nombreuses années et à qui je me suis empressé de faire part de ma découverte. 
Et à qui je laisse maintenant la parole :"Je me rappelle que lorsque j’ai reçu la cassette audio envoyée à l’époque par mon agent parisien, je n’ai pas pensé une seconde que ce morceau (qualifié de “disco populaire” par la maison de disque) marcherait. L’histoire a prouvé que j’avais tort, ha ha ! Hélas, j’ai n’ai touché qu’une somme forfaitaire et donc pas de royalties sur les ventes. J’ai toujours le dessin original avec de vraies trames mécaniques Letraset ". 

© Patrick Regout

Le voici. L'objet est singulier, encore étranger aux logiciel vectoriels (Freehand ou Illustrator) qui n'ont cessé de gagner du terrain et mis au rancard le tracé à la main et le coup de gomme, le Rotring, les bendays et autres planches Letraset. Saluons au passage John Warnok qui vient de nous quitter. Ce co-fondateur d'Adobe  inventa le langage PostScript, l'esperanto numérique qui gouverne dorénavant nos fichiers et développa leur premier logiciel de dessin vectoriel Illustrator, — autrement dit — signa la fin d'un certain monde. Heureusement les vide-greniers sont là pour nous rappeler ce à quoi il ressemblait il n'y a pas si longtemps encore. À suivre.

Bonus : le portfolio de Patrick Regout 
Malus : le clip officiel de Nuit de folie 

Et tu chantes, chantes, chantes ce refrain qui te plaît
Et tu tapes, tapes, tapes, c'est ta façon d'aimer
Ce rythme qui t'entraîne jusqu'au bout de la nuit
Réveille en toi le tourbillon d'un vent de folie

Miscellaneous : John Warnok introduices Adobe Illustrator in 1987.

 






21.6.19

Théorie de complot : est-ce que les images elles aussi vous mentent ?

Capture d'écran du 19 juin 2019 d'une bannière illustrant
le site du SNU - Source France Info

Blind Fake news. Comme le Secrétariat d'état auprès du Ministère de l'Éducation nationale qui a utilisé des photos de banques d'images anglo-saxonnes pour sa dernière campagne autour du service national universel, exposez-vous à l'effet inverse du but recherché, pire décrédibilisez votre message, votre image et votre notoriété, en faisant d'une pierre trois coups. Il est vrai qu'à un coût unitaire de neuf euros, la tentation est forte de recourir à ces nouveaux gisements d'images low-cost. Résultat des courses : un adolescent tout sourire qui ramasse des détritus sur une pelouse s'avère être un ukrainien et les deux jeunes qui courent en pleine montagne deux américains pas même photographiés en forêt de Fontainebleau mais dans le Grand Canyon en Arizona (C.Q.F.D.) !

Le secrétaire d'état Gabriel Attal tout penaud s'est excusé de la bourde en indiquant qu'il n'existait pas encore de visuels de cette première expérimentation et a promis le remplacement de ces images factices par des vrais clichés. Dont acte, mais la formulation de ce mea culpa "Il fallait qu'on trouve une image" en dit long sur la manière dont sont aujourd'hui utilisées les images. Sans vérification, sans discernement et sans déontologie. Indistinctement pourrait-on même dire. Le visuel est réduit à la fonction d'attrape-œil. Il doit capter une attention et déclencher une entrée en lecture, au mieux une adhésion. Peu importe au fond ce qu'il véhicule, ce qu'il raconte ou ce qu'il représente.
Alors faut-il y mettre le juste prix ?
C'est à vous de voir. Si la singularité d'une image, son exclusivité, sa véracité font partie des valeurs que vous défendez, il n'y pas lieu de biaiser. Rappelez-vous que la théorie du complot ne cesse de gagner du terrain et que le recours systématique à ces images sans valeurs apporte de l'eau à son moulin. La résistance passera par la renaissance d'un iconoclasme d'un nouveau genre, celui qui pourfendra l'insignifiance de ces images standardisées à deux balles.

En bonus petit benchmarking des faux amis :  iStock, Shutterstock, Photolia, Dreamstime, 123RF, etc.





25.1.19

La fab cachée de la Lune

Album et icône de légende

Archéologie graphique. Troisième plus forte vente au monde, l'album Dark side of the moon, sorti en 1973 marqua les esprits autant par sa musique que par sa pochette. Conçu par Storm Thorgeson du studio Hipgnosis elle n'a pas vieilli. Il faut s'imaginer qu'à l'époque, aucune informatique ni matériel numérique n'entraient dans la danse. Point de pixel, de wysiwyg, de souris, encore moins de pdf. Les créations se réalisaient à partir de maquettes. Et pour pouvoir les imprimer il fallait réaliser un document technique intermédiaire - le document d'exécution - qui passait ensuite entre les mains d'un photograveur. C'est lui qui assurait toutes les intégrations, qui réglait la couleur et qui tirait au final les quatre films nécéssaires à l'impression en quadrichromie. Un savoir-faire d'exception et de précision qui fut peu à peu éradiqué par l'arrivée puis la montée en puissance de Photoshop.
En 2003 une exposition à la Cité de la Musique "Pink Floyd interstellar" présenta au public un pêle-mêle de documents et d'objets ayant appartenu au groupe. Un objet bien singulier sortait du lot : le document d'exé de la pochette du Dark Side of the Moon, son squelette en quelque sorte ou plutôt son adn technique. Qu'y figure-t-il ? Un tracé au format, un bout d'illustration et des instructions portées sur un calque. Rien de bien excitant au demeurant.

Le document d'exécution de la pochette avec ses deux plats

Alors faut-il ne voir dans ce fragile filigrane qu'un objet de curiosité, caduc et sans lien avec le présent ? Au prime abord oui, car nul ne peut contester que les logiciels ont définitivement gagné la partie et pris le relai. Nourri à l'intelligence artificielle, Photoshop est aujourd'hui capable en quelques fractions de secondes de produire le plus impressionnant des détourages.

Dans une récente contribution, le philosophe Bernard Stiegler ne s'avoue pas pour autant vaincu. Il dessine une possible voie de reconquête dans le bras-de-fer que se livrent l'homme et la machine. Si le machine-learning et l'intelligence artificielle sont en passe de nous déposséder de tous les savoirs, rien ne nous empêche de nous les réapproprier. Alors sans nostalgie ni attendrissement béas, penchons en conscience sur leur mémoire. Au-delà de sa pochette, Dark side of the Moon reste aussi le fabuleux condensé d'un savoir collectif qui mêla intuition, émotion, intelligence, bidouillages et transpirations en nombre, audaces et explorations en tous genres, exemplaire !

Bonus sur arte.tv et youTube :
- Pink Floyd /The dark side of the moon, (jusqu'au 30/03/19) un documentaire sorti en 2003, qui revient sur la génèse et l'enregistrement de cet album.
- Pink Floyd "P.U.L.S.E" Dark side of the moon, (jusqu'au 10/04/19) captation live de la dernière prestation du groupe le 20 octobre 1994, soit trente ans après sa formation.
- Bernard Stiegler "Éviter l'apocalypse" sur youTube entretien de 55 minutes









21.1.18

2018, entrez dans la danse de l'imprimé connecté avec l'Atelier Proscripto

Comme le quotidien L'indépendant offrez à vos lecteurs
une expérience unique de lecture enrichie de contenus de toute nature.



















L'imprimé connecté : de la réalité augmentée à votre portée. S'il était encore nécessaire de le rappeler, les intérêts sont multiples, tant sur le format et que sur l'impact. Plus nécessaire d'imprimer douze pages d'index, d'adresses ou de bibliographie si vous pouvez les lire simultanément en ligne. Vous imprimerez uniquement du contenu à forte valeur ajoutée. C'est aussi offrir une magnifique porte d'entrée aux populations converties au "mobile first" avec ce message puissant et attractif : "Le papier n'est plus ringard, voyez tout ce qu'il peut encore vous offrir !".

Pour activer du contenu enrichi à partir de n'importe quel document imprimé, la meilleure technologie passe par l'application Snappress. Son format, ses coûts et ses modalités de mise en place permettent un accès facile à de la réalité augmentée avec un panel de fonctionnalités le plus large du marché :
> vidéo : visualisation en temps réel (streaming) de vidéos ;
> audio : interview, discours, mode d’emploi, morceaux de musique, playlist ;
> accès internet : liens cliquables vers des contenus sur internet ;
> pdf : téléchargement et affichage sur le portable de fichiers de contenus pdf ou zip ;
> image : mise en place d’animations, d’effets spéciaux ou d’illustrations supplémentaires ;
> 3D : mise en place d’objets 3D ;
> téléphone : activation automatique d’un numéro renseigné ;
> email : envoi d’un email à un contact ciblé ;
> agenda : enregistrement direct dans l’agenda de l'utilisateur d’une date, d’un événement ;
> vcard : intégration d’un contact sur le mobile de l'utilisateur ;
> share : partage à la demande sur les réseaux accessibles du mobile de l'utilisateur ;
> webview : mini site intégré (html).
De surcroit l’application snappress est générique, en accès libre (téléchargeable gratuitement), déjà adoptée par des publications aussi différentes que Courrier cadres, Neon ou Pif magazine.


Pour accéder à ces fonctionnalités, il vous suffira de scanner la page
avec votre smartphone comme si vous la photographiez.



Pour ses clients, l’Atelier Proscripto intervient à la carte et à façon. Il leur permet d’utiliser la réalité augmentée exactement dans le format et l’occurrence dont ils ont besoin, ponctuellement ou dans la durée. De quoi garantir une différenciation forte et une visibilité optimale. ‎Toute sa créativité et son savoir-faire au service d'une communication 2.0 ! 
Avis aux amateurs.



18.7.17

Quand Macron inventa le blitzdesign

Au Tank à Paris, rue des Taillanders, le 4 juillet 2017
Coup de maître. Au jeu d’échecs, le blitz inspiré de la blitzkrieg (guerre éclair) consiste à faire jouer les adversaires aussi vite que possible. Leur temps de réflexion ne peut excéder 15 minutes par coup. Pendant la campagne d’Emmanuel Macron, Olivier Alexanian et Thibault Caizergues en charge de toute l'identité visuelle et de la communication ne disposèrent même pas d’un temps équivalent. Plus la campagne avançait et s’amplifiait, plus les demandes s’accélérèrent au point de ne leur laisser que l’instant pour y répondre.

À l’occasion de la troisième édition de Type@Paris, un workshop annuel de cinq semaines autour du dessin de lettres leur a été donné l’occasion de revenir sur cette expérience singulière, le temps d’une conférence retransmise en live sur les réseaux sociaux, le mardi 4 Juillet.

Olivier Alexanian, diplômé de l’École nationale supérieure des art décoratifs en design graphique et tout juste titulaire d’un master de Sciences Po fut le premier à prendre le train en marche. Il récupéra le travail qu’avait produit l’agence Jésus et Gabriel dirigée par deux publicitaires plutôt spécialisés dans l’alimentaire. Ce sont eux qui furent vraisemblablement à l’origine du choix de la police Gill Sans qui devint par la suite la pierre angulaire de toute l’identité visuelle du candidat Macron (leur proposition initiale se déployait toutefois dans une déclinaison assez éloignée de ce qu’elle devint par la suite, magnifiée par l'italique).
Thibault Caizergues le rejoint en décembre 2016. Sorti de l’ECV Paris puis d’Intuit.lab en 2009, il a fait ses premières armes outre atlantique à New-york. Revenu en France en 2011, il a d’abord travaillé en free lance pendant cinq ans avant d’intégrer en 2015 le pôle numérique de la ville de Paris comme directeur artistique. Thibault et Olivier ne se connaissaient pas, seul leur engagement auprès d’Emmanuel Macron les a rapproché au point d’en faire un couple aussi consubstanciel que Bouvard et Pécuchet, Dupond et Dupont ou Debergny et Peignot, pour les plus typophiles d’entre nous.

La Gill Sans italique déclinée
ici sur unT-shirt
Des lors commença pour ce tandem une course folle contre la montre qui ne s’acheva que le soir du 8 mai, lorsque leur champion avec ses 65,9 % des suffrages exprimés franchit les marches du Palais de l’Élysée. Sans doute ont-ils poussé un « ouf » de soulagement, car à travailler non stop presque jour et nuit pendant presque 6 mois, ils approchaient l’épuisement. Rétrospectivement ils conviennent que ce work in progress effréné a défini les contours d’une nouvelle pratique du design, "blitzdesign" ou design de l’instant, indissociable de la toile et des réseaux sociaux.
Olivier et Thibault ont rapporté qu’ils ont bénéficié de l’absolu confiance d’Emmanuel Macron qu’ils n’avaient pas la possibilité de voir beaucoup. Ensuite ils ont du faire face à une telle demande d’intervention que les procédures de validation que l’on aurait pu imaginer obligatoires sur ce type d’enjeu ont purement et simplement sauté.

Sms de rappel pour les étourdis
Sur le terrain, par exemple au meeting du 17 avril au palais Omnisport de Bercy à Paris, le visiteur ne pouvait qu’être impressionné par la force de frappe des outils de communication déclinés pour l’occasion, la rigueur de leur mise en forme, la pertinence de leurs messages et la puissance de leur scénographie. Aux traditionnels T-shirts, flyers, banderoles, et drapeaux, était venu s’ajouter la nouvelle donne digitale des écrans. Ceux qui paraient l’intérieur du site et tous les autres connectés à distance, dans d’infinies variantes, des tweets aux murs des pages Facebook. Lors du discours prononcé pour l’occasion par Emmanuel Macron, Olivier Alexanian nous a raconté qu’il devait en l’espace de quelques secondes formater des citations qui lui arrivait par salves régulières et continues jusqu’à la fin de son intervention. Du blitzdesign à n’en pas douter, pendant plus de deux heures. Et cela n’était qu’une petite partie de son travail.

La réplique virale d'Emmanuel Macron
à Donald Trump du 2 juin 2017 
Nos deux compères au départ bénévoles ont été rapidement salariés par l’équipe de campagne puis ont intégrés les ors feutrés de la république et le port d'un costume-cravate. Ils continuent à accompagner le Président Macron respectivement à titre de directeur artistique et de directeur de création. Si le gazouillis français le plus retweeté Make our planet great again, est à mettre à leur crédit depuis, souhaitons leur la même ténacité et la même audace car le temps propre à celui de l’administration n’aura plus rien à voir avec celui d’un campagne électorale. D’un big-bang fulgurant les voilà téléportés dans un trou noir concentré d’inertie.
Quant à la police Gill sans, italique, dorénavant si intimement associée à l’image de notre nouveau président, il ne faudrait pas non plus qu’elle ne perde son autonomie, ni la signature de son créateur, le merveilleux dessinateur de caractère anglais Éric Gill (1897-1940). L’avenir le dira si elle poursuivra sa marche indépendamment du devenir d’Emmanuel Macron, de sa réussite ou de ses échecs. Mais le risque est là, à l’instar de toutes ces musiques qui ont perdu leur âme dans un amalgame fatal avec les objets qui ont contribué à leur diffusion et à leur gloire.
Rappelez-vous celle de Barry Lyndon de Stanley Kubrick, ou celle de l’Eurovision. Qui se souvient que Haendel et Charpentier qui en sont leurs auteurs ? Échec et mat.

Bonus : Type@Paris organisé par Jean-François Porchez ;
Eric Gill dessinateur et sculpteur anglais ;
La sarabande de Frédérick Haendel




10.9.16

Feuilleton de l'été : le best-of du trombinoscope de linkedin (5)

Masques et postures. Adeptes du hors-cadre, de la photo de profil ou de l'ubiquité, ils ont besoin de quitter les sentiers battus, voire de se dédoubler, allez savoir pourquoi ! Mais attention à la sortie de route qui n'est jamais très loin et qui ne pardonne pas...


Le profil qui tue ? Le 9 janvier 1996 le journal Le Monde publie une photographie dans ses colonnes pour la seconde fois de son histoire ! Mort de François Mitterrand oblige. Sur la une pour cette fois-là, avec une photo de Raymond Depardon qui montre le président de profil devant une fenêtre ouverte donnant sur les jardins de l'Élysée. Exit M. le président ! Littéralement celui qui se positionne de profil s'inscrit dans une trajectoire perpendiculaire à la votre. Rien n'est prévisible de ce croisement. Il va couper votre route avec le risque de vous griller la priorité, de vous barrer le passage ou pire de provoquer une collision, à tout moins une rencontre qui appelle en filigrane contemplation ou reconnaissance. Tous les scénarios sont possibles, seule certitude à la clé : vous n'êtes pas dans son axe, alors laissez-le filer comme une étoile et faites le vœux qu'il disparaisse aussi vite qu'il vous est apparu.


Encore une variante de positionnement avec un visage partiellement apparent dans le cadre. En manque tout ou partie avec tous les intermédiaires possibles. Ici nous remarquerons celui qui a crevé le plafond (!) à côté celui qui se rétracte à moitié et enfin celle qui effrontément vous apostrophe avec son œil quasiment plein pot. Sous contrôle ? Pas si sur, même avec un sourire, tout dépend de leur capacité à rebondir et à trop jouer avec les limites le risque d'un dérapage leur pend au nez.


Enfin pour terminer ce nouveau panel, nous évoquerons les adeptes du dédoublement, du miroir, ou du double-face. Nombreux sont en effet ceux qui ont coupé leur poire en deux et qui en affichent deux versants. Ils sont souvent illustrateurs ou photographes mais pas toujours artistes, on y trouve aussi des directeurs ou des chefs de projet et d'autres encore. Ils illustrent, profilent ou reflètent leurs moitiés avec plus ou moins de brillance. Que faut-il en penser ? La démarche laisse parfois perplexe. Ca fait du monde sur le plateau ! N'avez-vous pas déjà assez à faire avec une seule personne ? Il y a aussi du docteur Jeckill and Mr Hyde potentiellement dans l'air et symétrie ne peut rimer avec schizophrénie. Le comble du je-m'en-foutisme étant atteint par ceux qui s'affichent en tandem sans autre précision (à gauche c'est mon boyfriend, mon papa ou ma mémé… CQFD !).

Bonus : Retour sur le photomaton avec 2 vidéos très instructives de la série Me Myself(ie) and I, produites par Arte/Créative : La petite histoire de la cabine photo et les artistes dans la cabine

10.8.16

Feuilleton de l'été : le best-of du trombinoscope de linkedin (4)

Rayon des accessoires. Ils ne reculent devant rien et vont fièrement arborer l'attribut sans lequel ils ne peuvent exister. Les adeptes du chapeau sont statistiquement assez nombreux sur le réseau, suivis de près par les accros des lunettes de soleil. Beaucoup moins nombreux et politiquement plus incorrects il y a enfin les amateurs de cigares qui osent s'afficher crânement avec un bâton de chaise dans le bec. Nouvel épisode de la petite exploration estivale du tromboniscope de linkedin, notre feuilleton de l'été.


Dans la famille "Je porte le chapeau", les variantes sont infinies, au gré des profils et des modes. Mais attention il y a des règles à respecter pour éviter le ridicule. Tout d'abord évitez les chapeaux mous, melons ou pointus et préférez le feutre ou le cuir à la paille ! Ensuite n'oubliez pas que le choix du modèle peut vous faire passer pour un guignol, un prestidigitateur ou plus insolite un chasseur de crocodile. Ce qui en soit n'a rien de déshonorant : le personnage qui a inspiré le film Crocodile Dundee a du tuer des crocodiles à mains nues pour survivre en plein désert ! Une performance certes indéniable dont il a écrit un livre édifiant "Fight the wild" mais rappellez-vous seulement que l'âpreté du monde professionnel exige sans doute une forme de doigté plus civilisée, dirons-nous… Enfin autrefois objet vestimentaire incontournable et symbole de virilité, le chapeau est devenu aujourd'hui un objet d'exception. Et comme son nom pourrait l'indiquer le "couvre-chef" est peut-être réservé aux seuls leaders : ceux qui assument des responsabilités. Alors attention à ceux qui n'en ont pas la vocation : à trop vouloir en faire, vous allez à tout moins travailler du chapeau ou pire le manger. Bizarrement et pour en terminer avec cet appendice si prisé, ce ne sont pas les femmes qui ne le portent le moins bien !


Au pays des aveugles, les borgnes sont rois ! Certes, mais il est cruellement paradoxal d'en percevoir si peu face à des interlocuteurs affublés d'une paire de lunettes noires et ils sont légions sur le net à porter des lunettes de soleil avec la plus affolante désinvolture. L'exploit sportif (il y en a) au sommet d'une montagne ou à la barre d'un voilier ne saurait excuser cette posture particulièrement inadéquate. Car si l'on s'en tient encore une fois à une analyse littérale de ces images : c'est à se demander ce qu'ils ont à nous cacher ! Cary Grant, lui en gare de New-York lorsqu'il affuble l'une des paires de lunettes de soleil les plus mythiques du cinéma, il a la Mort aux trousses ! Excusez du peu. Alors que les coupables méditent sans tarder ce proverbe africain "la chenille ne porte pas de lunettes pour boire de l'eau" et qu'ils affichent dare-dare la couleur de leurs beaux yeux, sans artifice ni posture bling-bling. Nous les aimerons d'autant plus.


Pourquoi le cigare a-t-il si mauvaise réputation ? Souvent gros, toujours proéminent il empeste pour le seul plaisir que son utilisateur et demande de surcroit à être périodiquement rallumé. A se demander s'il ne fait pas partie des objets dont la seule fonction est d'attester d'une forme de réussite, comme la Rolex. Mais celle-là est plus virile, phallique même. A pleines dents, à pleine bouche, la pulsion orale est assumée. Savoir-vivre, sybaritisme ou arrogance ? Allez savoir... Serge Gainsbourg prétendait dans une de ses chansons que Dieu fumait des havanes. Mais qui croît encore en Dieu de nos jours ?
A suivre…

Bonus : À réécouter Dieu est un fumeur de havanes, chanson écrite par Serge Gainsbourg en 1980, interprétée par son auteur et Catherine Deneuve.
A revoir La Mort aux Trousses d'Alfred Hitchcock (1959), pour la paire de lunettes de soleil de Cary Grant of course et dix mille autres bonnes raisons, en particulier le début du film, le générique de Saul Bass, et New-York trépidante, en pleine rush hour avec l'apparition fugace du maître Alfred himself planté par un bus.