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10.9.16

Feuilleton de l'été : le best-of du trombinoscope de linkedin (5)

Masques et postures. Adeptes du hors-cadre, de la photo de profil ou de l'ubiquité, ils ont besoin de quitter les sentiers battus, voire de se dédoubler, allez savoir pourquoi ! Mais attention à la sortie de route qui n'est jamais très loin et qui ne pardonne pas...


Le profil qui tue ? Le 9 janvier 1996 le journal Le Monde publie une photographie dans ses colonnes pour la seconde fois de son histoire ! Mort de François Mitterrand oblige. Sur la une pour cette fois-là, avec une photo de Raymond Depardon qui montre le président de profil devant une fenêtre ouverte donnant sur les jardins de l'Élysée. Exit M. le président ! Littéralement celui qui se positionne de profil s'inscrit dans une trajectoire perpendiculaire à la votre. Rien n'est prévisible de ce croisement. Il va couper votre route avec le risque de vous griller la priorité, de vous barrer le passage ou pire de provoquer une collision, à tout moins une rencontre qui appelle en filigrane contemplation ou reconnaissance. Tous les scénarios sont possibles, seule certitude à la clé : vous n'êtes pas dans son axe, alors laissez-le filer comme une étoile et faites le vœux qu'il disparaisse aussi vite qu'il vous est apparu.


Encore une variante de positionnement avec un visage partiellement apparent dans le cadre. En manque tout ou partie avec tous les intermédiaires possibles. Ici nous remarquerons celui qui a crevé le plafond (!) à côté celui qui se rétracte à moitié et enfin celle qui effrontément vous apostrophe avec son œil quasiment plein pot. Sous contrôle ? Pas si sur, même avec un sourire, tout dépend de leur capacité à rebondir et à trop jouer avec les limites le risque d'un dérapage leur pend au nez.


Enfin pour terminer ce nouveau panel, nous évoquerons les adeptes du dédoublement, du miroir, ou du double-face. Nombreux sont en effet ceux qui ont coupé leur poire en deux et qui en affichent deux versants. Ils sont souvent illustrateurs ou photographes mais pas toujours artistes, on y trouve aussi des directeurs ou des chefs de projet et d'autres encore. Ils illustrent, profilent ou reflètent leurs moitiés avec plus ou moins de brillance. Que faut-il en penser ? La démarche laisse parfois perplexe. Ca fait du monde sur le plateau ! N'avez-vous pas déjà assez à faire avec une seule personne ? Il y a aussi du docteur Jeckill and Mr Hyde potentiellement dans l'air et symétrie ne peut rimer avec schizophrénie. Le comble du je-m'en-foutisme étant atteint par ceux qui s'affichent en tandem sans autre précision (à gauche c'est mon boyfriend, mon papa ou ma mémé… CQFD !).

Bonus : Retour sur le photomaton avec 2 vidéos très instructives de la série Me Myself(ie) and I, produites par Arte/Créative : La petite histoire de la cabine photo et les artistes dans la cabine

13.7.16

Feuilleton de l'été : le best-of du trombinoscope de linkedin (1)

Le capitaine Haddock au Tibet, le coming-out de Bartabas et le nain qui monte
sur des échasses, Linkedin sera-t-il le site des profils extrêmes ?

Tiercé gagnant. Avez-vous remarqué combien la qualité des photos affichées par les membres du réseau professionnel Linkedin est disparate ? N'avez-vous jamais été décontenancé par leur hétérogénéité, leur manque d'à-propos, leur mauvaise définition et au final par leur illisibilité ? Au premier abord l'équation ne devrait pas mériter qu'on s'y attarde plus que ça, tant les enjeux paraissent simples et la bonne pratique évidente. Jouer carte sur table et partager la couleur sans détour : il convient d'afficher la photo qui vous ressemble, celle qui vous met en valeur autant que faire se peut, à tout moins lisible tout comme votre profil. Et bien paradoxalement le compte n'y est pas. Du plus mauvais photomaton à la photo de vacances surexposée en passant par la photo-concept tordue, tous les cas de figure apparaissent sur le réseau, à se demander ce qui passe par la tête de nos alter-ego, internautes en mal de reconnaissance professionnelle ?
Ont-ils perdu la boule ? C'est bien possible, pour l'heure je ne résiste pas pour ce nouveau feuilleton de l'été, à vous en proposer une petite typologie. Nous l'égrènerons façon shuffle (en mode d'apparition aléatoire) par petits groupes à chaque nouvelle épisode. Bonne lecture, on ne se moquera pas du voisin, on évitera juste de tomber dans le même panneau... À vos avatars !



Premier cas de figure, les clandestins du réseau. Ceux qui refusent de mettre la moindre photographie dans la case dédiée. Quelque soit leur motivation (poussée d'acné, yeux vairons comme le regretté David B. ou chevilles qui enflent, à l'instar du petit barbier de Séville à l'écharpe rouge qui s'expose sur tous les médias) il faut qu'ils sachent qu'ils se mettent d'emblée hors-jeu, en contrevenant aux codes de base du réseau social fondés sur le partage et la transparence. La première info qu'ils font passer  : circulez, il n'y a rien à voir !  les disqualifient sans appel possible, et tant pis pour eux…  À noter aussi dans cette catégorie, le comble d'une discrétion un peu suspecte : à l'absence de photo vient s'ajouter celle de la fonction... Où veulent-ils en venir ?



Dans la même lignée, il y a les quelques petits malins qui pour éluder la mise en ligne de leur bobine ont eu recours à un artifice, peut-être tout droit sorti d'un mauvais filtre d'Instagram, le flou artistique. Utilisé à des degrés variables autant dans la netteté que dans la gamme de couleurs et même d'accessoires, le résultat est peut-être pire qu'une absence assumée d'image. Il agace et transmet un message littéralement trouble : je suis là sans être là, je ne daigne pas m'exposer à vous, je suis évanescent, etc… Ces interprétations inévitables ne sont pas très valorisantes pour l'émetteur, tout au contraire, encore une fois elles le disqualifient. De grâce ne restez pas dans le flou, positionnez-vous !



Enfin nous avons les plus vicieux qui en rajoutent dans la frustration, voire même dans la provocation. Ces derniers nous les appellerons les aguicheurs. Ils pratiquent différentes formes d'interpellation qui aboutissent toujours au même message : venez deviner qui ce cache derrière le panneau ! Très mauvaise pioche, nous ne sommes pas dans un jeu de séduction ni de devinettes. Le réseau social fonctionne dans l'instantanéité, la rapidité, l'efficacité, le flux tendu. Toute l'info en un seul clic, pas le temps de tourner autour du pot. Tu me fais attendre ? Eh bien, je suis déjà passé au suivant, directement lisible. Dans ce registre on évitera le carton d'invitation faussement enjoué comme cette maladroite qui affiche : please to meet you qui appelle tout naturellement sa suite logique hope you know my name du magnifique et corrosif standard des Rolling Stones Sympathy for the devil !!! À trop faire le malin, on se diabolise à l'insu de son plein gré. Etait-ce bien le but recherché ? J'en doute.
À suivre.

Bonus :  The Rolling Stones performing "Sympathy For The Devil", live at Zilker Park, Austin, Texas 22nd October 2006.

28.2.11

Profil bas...

Qui veut ma photo ? La photo d'indentité est bien souvent l'objet de détournement délibéré (ici un bien curieux effet passoire, réalisé avec la complicité involontaire du Monoprix Convention dans le 15e à Paris qu'il faut traverser de fond en comble pour atteindre la cabine de photomaton, le magasin aux accessoires étant libre, on a l'embarras du choix, emprunté temps de la prise de vue et remis en rayon aussitôt après, en toute discrétion). On rappellera pour mémoire l'ouvrage de référence  Photomaton de Raynal Pellicer aux éditions La Martinière, déjà cité dans un post du 31-01-11.



Moins drôle, la désynchronisation entre le sujet et la machine qui produit parfois de somptueux ratés. Qui n'en a pas fait la sinistre expérience ? N'allez pas essayer de les refourguer à un auxillaire de police. Depuis 2005, ça ne rigole plus dans les préfectures, plus question de sortir du cadre. Votre photo devra impérativement respecter un cahier des charges défini dans la circulaire ISO/IEC 19794-s : 2005 qui encadre le format, la couleur du fond, le port de tête, l'expression du visage, et le regard. Interdits le sourire en coin ou le regard coquin.

Qui eut cru que dans les réseaux sociaux virtuels, ça ne rigolait pas non plus. Un danois en fait les frais sur Facebook. Le 17 février, il a en été exclu parce qu'il avait mis sur son profil une photo de l'Origine du monde de Gustave Courbet. Ce tableau peint en 1866 représente le sexe d'une femme allongée nue sur un lit, les cuisses écartées C.Q.F.D. Prenant cette info pour un canular, un membre de la rédaction de La Recherche réitéra à son tour l'expérience, et afficha sur son profil le Courbet contesté. 5 jours après son compte fut clotûré sans tambour ni trompettes, jurisprudence du pudiquement correct oblige ! Jacques Lacan (dernier propriétaire du tableau avant sa donation au Musée d'Orsay) se retourne-t-il dans sa tombe ? Nous n'en savions rien mais à contrario ceux qui voudraient disparaître de Facebook sauront dorénavant comment s'y prendre.

31.1.11

Actualité du Photomaton

J'ai
Qui veux-ma photo ? Dans un coin du hall du Palais de Tokyo à Paris, stationne une cabine de Photomaton. Elle ne ressemble pas à celles que l'on peut croiser dans les couloirs du métropolitain ou d'une galerie commerciale. Celle-là est métallique, avec inscrit au-dessus en toute lettre "fotoautomat". A s'en approcher on se rend compte qu'il s'agit un spécimen rare, (certains parlent d'une berlinoise) une bécane qui travaille avec de l'argentique et toute la chimie embarquée pour vous développer en quatre -bien longues- minutes votre tronche en 4 poses superposées en black and white, s'il vous plaît. A l'ancienne quoi, le prix aussi, juste deux euros. Naturellement passé l'effet de surprise, on ne résiste pas à ce petit moment de rétropédalage, et l'instant est immortalisé, avec le voyant rouge qui clignote et les quatre coups de flash ronflants. L'initiative revient à deux passionnés qui ont récupéré quelques machines et qui les font tourner dans des lieux hype. Qu'ils en soient remerciés.

Pour 35 euros (c'est plus cher), on pourra acquérir un ouvrage éponyme de référence, publié par les éditions de La Martinière, Photomaton, de Raynal Pellicer. L'auteur accessoirement réalisateur de télévision ne fait pas dans la demi-mesure. Il a pu rassembler 300 clichés mêlant anonymes et célébrités. On pourra y découvrir les détournements inspirés d'artistes qui chacun à leur manière ont tiré un parti insoupçonné des contraintes imposées par la cabine. Pas trop de grimaceurs obsessionnels et narcissiques et c'est tant mieux. Ils encombrent déjà les moteurs de recherche à foison.

Mais l'heure n'est pas à la nostalgie. C'est déjà demain. L'entreprise Photomaton soucieuse de ne pas rater le coche des nouvelles technologies a fait appel à l'enfant terrible du design français Philippe Starck pour redonner du lustre à ces cabines. Elles conserveront leur forme, mais à l'intérieur rien n'y sera pareil : un énorme voyant rouge en guise de siège annonce la couleur, puis la 3D et 3G prennent le relais. Après avoir choisi votre décor, vous pourrez fissa expédier votre cliché par mail, ou l'afficher sur le mur de votre réseau virtuel favori. Pour ce qui est de la conduite sonore des opérations, pas d'informations dans le communiqué de presse. Au pire on risquera un "cheese" façon GPS, et chez nos voisins d'outre-Rhin, je vous le donne en mille un "crotte de fourmi" !


Bonus : 2 vidéos très instructives de la série Me Myself(ie) and I, produites par Arte/Créative : La petite histoire de la cabine photo et les artistes dans la cabine