10.8.16

Feuilleton de l'été : le best-of du trombinoscope de linkedin (4)

Rayon des accessoires. Ils ne reculent devant rien et vont fièrement arborer l'attribut sans lequel ils ne peuvent exister. Les adeptes du chapeau sont statistiquement assez nombreux sur le réseau, suivis de près par les accros des lunettes de soleil. Beaucoup moins nombreux et politiquement plus incorrects il y a enfin les amateurs de cigares qui osent s'afficher crânement avec un bâton de chaise dans le bec. Nouvel épisode de la petite exploration estivale du tromboniscope de linkedin, notre feuilleton de l'été.


Dans la famille "Je porte le chapeau", les variantes sont infinies, au gré des profils et des modes. Mais attention il y a des règles à respecter pour éviter le ridicule. Tout d'abord évitez les chapeaux mous, melons ou pointus et préférez le feutre ou le cuir à la paille ! Ensuite n'oubliez pas que le choix du modèle peut vous faire passer pour un guignol, un prestidigitateur ou plus insolite un chasseur de crocodile. Ce qui en soit n'a rien de déshonorant : le personnage qui a inspiré le film Crocodile Dundee a du tuer des crocodiles à mains nues pour survivre en plein désert ! Une performance certes indéniable dont il a écrit un livre édifiant "Fight the wild" mais rappellez-vous seulement que l'âpreté du monde professionnel exige sans doute une forme de doigté plus civilisée, dirons-nous… Enfin autrefois objet vestimentaire incontournable et symbole de virilité, le chapeau est devenu aujourd'hui un objet d'exception. Et comme son nom pourrait l'indiquer le "couvre-chef" est peut-être réservé aux seuls leaders : ceux qui assument des responsabilités. Alors attention à ceux qui n'en ont pas la vocation : à trop vouloir en faire, vous allez à tout moins travailler du chapeau ou pire le manger. Bizarrement et pour en terminer avec cet appendice si prisé, ce ne sont pas les femmes qui ne le portent le moins bien !


Au pays des aveugles, les borgnes sont rois ! Certes, mais il est cruellement paradoxal d'en percevoir si peu face à des interlocuteurs affublés d'une paire de lunettes noires et ils sont légions sur le net à porter des lunettes de soleil avec la plus affolante désinvolture. L'exploit sportif (il y en a) au sommet d'une montagne ou à la barre d'un voilier ne saurait excuser cette posture particulièrement inadéquate. Car si l'on s'en tient encore une fois à une analyse littérale de ces images : c'est à se demander ce qu'ils ont à nous cacher ! Cary Grant, lui en gare de New-York lorsqu'il affuble l'une des paires de lunettes de soleil les plus mythiques du cinéma, il a la Mort aux trousses ! Excusez du peu. Alors que les coupables méditent sans tarder ce proverbe africain "la chenille ne porte pas de lunettes pour boire de l'eau" et qu'ils affichent dare-dare la couleur de leurs beaux yeux, sans artifice ni posture bling-bling. Nous les aimerons d'autant plus.


Pourquoi le cigare a-t-il si mauvaise réputation ? Souvent gros, toujours proéminent il empeste pour le seul plaisir que son utilisateur et demande de surcroit à être périodiquement rallumé. A se demander s'il ne fait pas partie des objets dont la seule fonction est d'attester d'une forme de réussite, comme la Rolex. Mais celle-là est plus virile, phallique même. A pleines dents, à pleine bouche, la pulsion orale est assumée. Savoir-vivre, sybaritisme ou arrogance ? Allez savoir... Serge Gainsbourg prétendait dans une de ses chansons que Dieu fumait des havanes. Mais qui croît encore en Dieu de nos jours ?
A suivre…

Bonus : À réécouter Dieu est un fumeur de havanes, chanson écrite par Serge Gainsbourg en 1980, interprétée par son auteur et Catherine Deneuve.
A revoir La Mort aux Trousses d'Alfred Hitchcock (1959), pour la paire de lunettes de soleil de Cary Grant of course et dix mille autres bonnes raisons, en particulier le début du film, le générique de Saul Bass, et New-York trépidante, en pleine rush hour avec l'apparition fugace du maître Alfred himself planté par un bus.

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